La participation d’Emirates Telecommunications Group (e&) dans le groupe britannique de téléphonie Vodafone, dont il est devenu le premier actionnaire en 2022, présente un “risque pour la sécurité nationale”, selon le gouvernement britannique, qui demande une supervision de l’opérateur sur les dossiers “sensibles”.
Vodafone et e&, qui a progressivement augmenté sa participation dans l’opérateur britannique depuis 2022 pour atteindre 14,6 %, avaient annoncé en mai dernier un accord de “partenariat stratégique”. Le groupe émirati est détenu à 60 % par le fonds souverain Emirates Investment Authority. Londres estime que cette situation pose un risque dans le cadre des missions de Vodafone pour “soutenir” ses politiques en matière de télécommunications, “assurer la cybersécurité du Royaume-Uni” ou encore en tant que prestataire de services, notamment de ministères liés à la sécurité nationale, selon une décision publiée mercredi soir.
La création d’un comité de sécurité nationale
S’il ne demande pas aux entreprises de revenir sur leur partenariat, le gouvernement britannique impose notamment la création d’un comité de sécurité nationale pour superviser les travaux sensibles effectués par Vodafone. Il veut également être notifié de toute évolution de l’accord et indique que la composition du Conseil d’administration de Vodafone sera soumise à certaines exigences. Selon les termes de l’accord entre les deux entreprises, le directeur général du groupe émirati Hatem Dowidar doit rejoindre le conseil d’administration de Vodafone en tant qu’administrateur non-exécutif. En outre, e& s’est engagé à ne pas monter à plus de 24,99% du capital de Vodafone.
L’ambition de créer le leader des télécommunications outre-Manche et un champion de la 5G
La décision du gouvernement ne remet pas ces termes en question et le groupe britannique a salué jeudi ce qu’il voit comme un feu vert au partenariat stratégique, en dépit des restrictions imposées par Londres. “Nous sommes heureux d’avoir reçu l’autorisation (…) pour notre accord de relation stratégique avec e& et de voir (le groupe émirati) siéger à notre conseil d’administration“, a réagi Vodafone dans une déclaration transmise à l’AFP. Vodafone et la holding de Hong Kong CK Hutchison avaient aussi annoncé en juin la fusion de leurs activités au Royaume-Uni, avec l’ambition de créer le leader des télécommunications outre-Manche et un champion de la 5G.
Un processus de vente du groupe “The Telegraph” à l’étude
L’opérateur britannique, en pleine restructuration, a indiqué en novembre être tombé dans le rouge lors de son premier semestre décalé, invoquant notamment un effet de comparaison défavorable après des cessions un an plus tôt. La prudence du gouvernement sur le partenariat entre Vodafone et e& en rappelle une autre. Londres a aussi annoncé fin novembre examiner le processus de vente du groupe de médias britannique “The Telegraph” au nom de “l’intérêt public”, face à la perspective d’une prise de contrôle par un fonds.
La rédaction avec AFP