Le spécialiste de la formation professionnelle Cegos présentait le 10 octobre l’édition 2023 de son Baromètre international « Transformations, Compétences et Learning ». « L’apparition de l’intelligence artificielle générative, citée comme le premier facteur de transformation impactant les compétences, n’est pas une surprise. L’étude ne fait que confirmer l’agitation autour de ces questions, a soutenu Christophe Perilhou, directeur de l’activité Learning & Solutions chez Cegos.
« L’apparition de l’intelligence artificielle générative, citée comme le premier facteur de transformation impactant les compétences, n’est pas une surprise. L’étude ne fait que confirmer l’agitation autour de ces questions », a analysé Christophe Perilhou, directeur de l’activité Learning & Solutions au sein du groupe Cegos, alors que près de la moitié des entreprises du panel placent l’IA et la data en tête des enjeux de transformation des compétences, devant les nouveaux modes de travail, la transformation numérique ou encore la cybersécurité.
Pas de réponse claire sur la façon de développer les compétences autour de l’IA
« En termes d’offre de formation, l’enjeu est de proposer rapidement des réponses sur trois axes prioritaires. D’abord l’IA pour tous : comment faire de l’IA un « agent » faciliteur du travail au quotidien et qui contribue d’une certaine façon à la qualité de vie au travail. Ensuite l’IA dans les métiers : en quoi l’IA peut constituer un élément créateur de valeur et comment la mettre en application dans les métiers à travers des cas d’usage bien identifiés. Enfin, les métiers de l’IA et le développement de compétences techniques pour exercer ces métiers ».
Il n’est pas surprenant au demeurant de constater dans le Baromètre que près d’un salarié sur trois (30 %) craint de voir son métier disparaître, ce qui constitue une hausse de 7 points par rapport au Baromètre 2022. « On imagine que le poids de l’IA représente un facteur important dans cette perception », a souligné Christophe Perilhou. De même, 74 % des collaborateurs anticipent une évolution du contenu de leur travail. Quatre salariés sur dix (38 % contre 30 % en 2022) déclarent par ailleurs se sentir dépassés par la technologie. « L’effet IA n’est sans doute pas neutre là aussi, estime-t-il. Aujourd’hui, il y a beaucoup de bruit autour du sujet mais pas encore de réponse claire sur la façon de développer les compétences autour de l’IA. Ce qui contribue à créer une zone potentiellement anxiogène ».
L’IA, un atout pour l’ « adaptative learning »
Face aux transformations nombreuses et rapides, les DRH privilégient l’accompagnement de la montée en compétences (57 %) ainsi que le recrutement de nouveaux profils (56 %). Le renforcement des compétences digitales est jugé impératif par 42 % d’entre eux (38 % en France), suivi des compétences transversales ou « soft skills ». Les DRH voient dans l’IA un levier prometteur pour individualiser les parcours de formation. 63 % des RH internationaux (60 % en France) envisagent ainsi de l’utiliser pour répondre à cet enjeu. Pour autant, seuls 11 % d’entre eux y ont déjà eu recours, en particulier dans les entreprises de 500 à 1 999 salariés. Grégory Gallic, manager d’offre et d’expertise pédagogique et efficacité professionnelle chez Cegos, a soutenu que deux raisons expliquaient ce faible ratio : « le manque de données d’apprentissage sur toute la chaîne de valeur du développement des compétences ; et un usage de l’ « adaptative learning » centré sur la seule offre digitale asynchrone qui ne représente qu’une partie de l’offre de développement des compétences et n’est pas le plus plébiscité par les salariés ».
Par ailleurs, seuls 12% des salariés indiquent utiliser régulièrement une IA générative comme ChatGPT pour apprendre tandis que 19 % l’ont déjà essayée (12 % en France) et que 40 % (27 % en France) l’envisagent à court terme.
* Fruit d’une enquête menée en juin/juillet 2023 dans 9 pays d’Europe (France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne), d’Asie (Singapour) et d’Amérique Latine (Brésil, Mexique, Chili) auprès de 5 048 salariés dont 1 010 en France et de 488 DRH ou directeurs/responsables de la formation (dont 60 en France) d’organisations privées et publiques de plus de 50 collaborateurs.
Patricia Dreidemy