Michel Van Den Berghe, président du Campus Cyber
« TPE/PME/ETI : nous recommandons la mise en place d’une plateforme nationale »
Après plus d’un an d’activité, Michel Van Den Berghe se réjouit des avancements du Campus Cyber et a su convaincre. Réélu jusqu’à fin 2025 lors du dernier conseil d’administration, le président a accepté de revenir sur ses derniers engagements notamment la mission PME qui lui a été confiée le 28 novembre 2022.
Mandaté en juillet 2019 par le premier ministre Edouard Philippe à la demande du président Emmanuel Macron, Michel Van Den Berghe se voyait missionné pour le développement d’un Campus Cyber destiné à faire rayonner l’écosystème de la cybersécurité français et promouvoir l’expertise nationale à l’image de ce qui se fait à Beer-Sheva en Israël, à Skolkovo en Russie ou encore à New York avec le Global Cyber Center. Deuxième objectif, rapprocher la recherche, l’innovation et les industriels pour faire émerger les licornes en cybersécurité. Michel Van Den Berghe et ses équipes ont depuis hébergé un grand nombre d’initiatives comme des simulations de cyberattaques grandeur nature et se sont vu confier de nouvelles missions.
Solutions Cybersécurité : Pouvez-vous nous rappeler quel était le cahier des charges du Campus Cyber sur le sujet sensible des PME ?
Michel Van Den Berghe : Cette mission nous a été confiée conjointement par notre ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, et consistait à construire un plan de recommandation pour mieux sécuriser les plus faibles de la cybersécurité, à savoir les PME, les TPE et ETI en s’appuyant sur les acteurs du campus. Nous avions plusieurs points : tout d’abord, élaborer un référentiel partagé sur l’évaluation du risque cyber. Ensuite, identifier, grâce à l’intelligence collective rassemblée au sein de ce campus, des dispositifs destinés à rendre les systèmes d’information des entreprises plus résilients, participer aux travaux de la filière industrie de sécurité pour créer un catalogue clair et lisible d’offres françaises.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous avons envoyé un questionnaire à une centaine d’organisations et benchmarké ce qui se faisait en dehors des frontières au travers des ambassades en Allemagne, au Danemark, en Israël, en Grande-Bretagne, en Estonie, au Canada et aux Etats-Unis. Nous avons également fait des auditions groupées d’acteurs publics et privés et restitué avec toutes les typologies d’acteurs pour s’assurer que tout le monde était bien d’accord. Nous avons remis notre scénario de recommandation au Ministre et envisagerions de l’officialiser en octobre, à l’occasion du Cybermoi/s.
Qu’en ressort-il, en substance ?
Sans rien dévoiler, nous avons observé que tout le monde a envie d’aider ces entreprises, plein d’initiatives ont été créées mais sans de réelles coordinations. En effet, il existe une multitude de dispositifs mais l’ensemble reste peu lisible du point de vue des PME qui ne savent pas vers qui s’orienter. Parmi nos principales recommandations, une première consiste dans la mise en place d’une plateforme nationale, où les entreprises, après avoir donné quelques renseignements comme leur taille, leur secteur et leur situation géographique, accèderont à une liste de recommandations de première instance, comme les quelques mesures à mettre en place et auront également accès à la liste d’aides disponibles dans leur région, sachant que cela peut aller de 50 à 60 % pour certaines d’entre elles. Une deuxième se traduit par une campagne de prévention médiatique télé comme cela se fait dans le cadre de la sécurité routière. Aujourd’hui, la cybersécurité concerne tout le monde et, n’oublions pas qu’une entreprise sur deux dépose le bilan lorsqu’elle ne paie pas la rançon.
Comment s’est déroulée la dernière Assemblée Générale du Campus ?
Très bien ! Nous avons effectivement fait, en juin dernier, après plus d’un an d’existence, l’Assemblée Générale du Campus Cyber. L’occasion pour nous d’annoncer que nous étions rentables avec 516 000 euros de résultat net. J’en profite pour vous dire que j’ai été réélu à l’unanimité par le Conseil d’Administration jusqu’à fin 2025. Il va donc s’agir pour moi de bien gérer ma mission de construction du deuxième étage de la fusée. Concrètement, nous avons créé le lieu, c’est un succès car il est occupé à 100 %. Maintenant il faut s’attaquer à sa raison d’être et veiller à ce que les acteurs travaillent bien ensemble.