Software-defined vehicle, cette révolution est bien une réalité
Bertrand Boisseau, Automotive Sector Lead
Les solutions logicielles de conduite autonome accélèrent le changement de paradigme dans nos habitudes de mobilité. L’ensemble des acteurs de l’industrie automobile, constructeurs comme équipementiers, sont contraints de revoir la manière dont ils conçoivent, vendent et gèrent leurs flottes. L’essor d’aides à la conduite et de véhicules semi-autonomes et connectés génère des défis technologiques inédits. Au-delà de ce que les consommateurs voient, il faut s’attendre aussi à ce que cette révolution du “software-defined vehicle” (ou véhicule défini par logiciel) se matérialise à tous les stades du cycle de vie d’un véhicule. Voici un aperçu des principaux chantiers auxquels équipementiers et constructeurs vont devoir s’attaquer afin de profiter au mieux de la révolution.
Le premier chantier concerne la conduite autonome. Avant de pouvoir jouer ou travailler sereinement dans sa voiture, il est indispensable que celle-ci soit au meilleur niveau de sûreté et de sécurité possible. En fonction du niveau de conduite autonome, cela signifie que le logiciel de conduite doit être opérationnel dans la plupart, voire dans toutes les circonstances et conditions, ce qui nécessite des millions d’heures de simulation et de validation des algorithmes. Si le code de la route peut sembler “simple” à comprendre pour un conducteur, il est beaucoup plus compliqué pour un logiciel d’interpréter ces règles et de les mettre en perspective avec l’environnement d’un véhicule. Grâce aux jumeaux numériques (ou digital twins) et aux progrès impressionnants dans le domaine de l’IA, les ingénieurs et les développeurs sont aujourd’hui en mesure de tester leurs algorithmes dans des environnements 3D simulés sans avoir à prendre de risques en matière de sécurité avec des vrais conducteurs sur route ouverte. Associés à l’infrastructure de bureau virtuel (Virtual Desktop Infrastructure ou VDI) et au calcul haute performance (High Performance Computing ou HPC), les jumeaux numériques permettent entre autres aux équipementiers d’améliorer la conception de leurs logiciels de conduite.
Une voiture toujours plus connectée
Les nouvelles applications et les nouveaux services embarqués accessibles via les systèmes multimédias jouent par ailleurs un rôle clé dans le parcours client. À mesure que le véhicule devient un appareil connecté au même titre que nos smartphones, les usagers s’attendent à ce que tout devienne possible depuis une voiture. Et c’est déjà en partie le cas sur certains marchés. Nous voyons apparaître des applications de divertissement telles que du streaming vidéo ainsi que de jeux vidéo intégrés directement dans le système multimédia, offrant des graphismes et des performances équivalentes à ce qui est proposé par des consoles de salon. Cette tendance pousse les équipementiers à développer de nouvelles expertises dans ces domaines pour satisfaire des clients qui ne se satisferont plus seulement d’être transportés d’un point A à un point B. Avec 95 % des véhicules qui devraient être connectés d’ici à 2030, cela créera également de nouvelles sources de revenus pour les constructeurs.
Avec les futurs véhicules autonomes qui sillonneront nos rues, les constructeurs et gestionnaires de flottes devront s’appuyer sur des solutions permettant d’optimiser la gestion d’actifs tels que les voitures ou les bus. L’objectif final sera de limiter au maximum les retours ou les interventions afin de réduire les coûts de rappels et de réparations. Avec la maintenance préventive, les véhicules, qu’ils soient partagés ou non, enverront des informations précieuses qu’il faudra traiter grâce à de l’intelligence artificielle et à du machine learning. Il deviendra ainsi possible d’anticiper le moment à partir duquel un problème mécanique ou autre pourrait survenir, dans quelles conditions, à quelle fréquence, etc. Cela permettra de réaliser des diagnostics à distance et, à terme, de prolonger la durée de vie des véhicules qui seront ainsi mieux entretenus. Pour les constructeurs et équipementiers, le fait de disposer de données véhicules provenant de plusieurs flottes leur permettra d’optimiser leur processus de conception et leur fiabilité grâce à des outils analytiques.
Tous les cas d’usage cités précédemment reposent sur une utilisation accrue de logiciels. Cela génère de nouveaux défis que l’industrie automobile se doit de prendre en compte dans l’ensemble de ses investissements. Ces défis sont nombreux : comment assurer la sûreté fonctionnelle, la cybersécurité, la confidentialité des données, la gestion des mises à jour, etc. Ces nouvelles problématiques doivent être prises en compte par les constructeurs afin de prendre le virage de cette révolution. L’industrie automobile a donc besoin de définir un cadre qui leur permettra d’évoluer rapidement tout en assurant une pérennité maximale dans l’ère du software-defined vehicle.