Pour le compte de Slack, OpinionWay a interrogé des cols blancs et des cols bleus sur leur perception de l’intelligence artificielle. Les deux catégories de salariés estiment qu’elle leur fera gagner un temps précieux en éliminant un certain nombre de tâches à faible valeur ajoutée.
Depuis le phénomène ChatGPT, les études se multiplient pour évaluer les impacts de l’intelligence artificielle sur le monde du travail. Elles arrivent généralement à des conclusions diamétralement opposées. Pour Goldman Sachs, l’IA générative pourrait conduire à l’automatisation de l’équivalent de 300 millions d’emplois à temps plein et même le quart des emplois dans les pays avancés. Les métiers de la finance, du journalisme, du graphisme, de l’ingénierie, du juridique seraient particulièrement menacés par l’arrivée de ChatGPT, Google Bard et autres Midjourney.
D’autres études, tout aussi nombreuses, estiment que l’IA va, au contraire, libérer les travailleurs des tâches à faible valeur ajoutée leur permettant de se consacrer à des activités plus créatives et productives. L’étude réalisée par OpinionWay pour Slack se classe clairement dans cette seconde catégorie. Elle présente pour originalité de porter un regard croisé en interrogeant à la fois des cols bleus – les travailleurs de première ligne, ouvriers, vendeurs, techniciens sur site… – et les cols blancs, comme les employés et cadres du secteur tertiaire. Soit, en tout, quelque 1 600 salariés du privé.
Passer à la semaine de 4 jours grâce à l’IA ?
Alors que la première vague d’automatisation a concerné les « frontline workers » avec le mouvement de robotisation dans l’industrie, la seconde apportée par l’IA générative devrait davantage impacter les professions dites « intellectuelles » et sédentaires. Pour autant, les cols blancs ont une perception plus favorable de l’IA. Ils sont 66 %, contre 52 % des cols bleus, à penser que l’IA est la meilleure technologie pour se concentrer sur les missions à plus de valeur.
Les « travailleurs du savoir » ont l’avantage d’avoir déjà expérimenté les apports de l’IA. 54 % l’utilisent déjà dans leur travail contre 20 % des cols bleus. Ils y voient un levier de productivité. 63 % des cols blancs et 48 % des cols bleus déclarent être plus efficaces avec l’IA et 73 % des cols blancs et 64 % des cols bleus disent gagner du temps.
Avec 65 % des tâches à faible valeur ajoutée pouvant être automatisées, l’intelligence artificielle pourrait faire gagner 6h par semaine, en moyenne, aux travailleurs du savoir et 5h aux travailleurs de première ligne. De quoi tous passer à la semaine de 4 jours ?
Portrait-robot : un jeune cadre d’un grand groupe du tertiaire
Sans surprise, on note que le recours à l’IA diminue avec l’âge : 23 % des moins de 35 ans l’utilisent contre 15 % chez les 50 ans et plus. Le statut est aussi un élément différenciant : le taux d’adoption est de 37 % chez les CSP+ et de 17 % chez les CSP. Tout comme la taille de l’entreprise – 13 % dans TPE, 30 % dans les grands comptes – et le secteur d’activité, le monde des services ayant naturellement plus d’appétences pour l’IA que l’hôtellerie restauration, l’agriculture ou le BTP.
En termes de cas d’usage (voir graphique ci-dessus), l’IA s’avère particulièrement utile pour trouver rapidement de l’information dans une masse de documents et de messages, pour supprimer les tâches répétitives, administratives et à faible valeur ajoutée, pour résumer et récapituler des échanges, des réunions ou rédiger automatiquement des messages et des réponses à des e-mails.
Xavier Biseul