Accueil Business  Au sein d’Atos, la direction contestée prépare une assemblée générale tendue

 Au sein d’Atos, la direction contestée prépare une assemblée générale tendue

(AFP par Jules Bonnard) – En crise depuis deux ans, le géant informatique français Atos se prépare mercredi à une assemblée générale tendue, après avoir dénoncé une tentative de “déstabilisation” de plusieurs actionnaires qui demandent le départ du président du conseil d’administration.

Le groupe de services informatiques qui regroupe quelque 112 000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros est en pleine déroute depuis le départ de son PDG Thierry Breton, nommé en 2019 commissaire européen à Bruxelles et remplacé par Bertrand Meunier à la tête du conseil d’administration (CA) et son dauphin Elie Girard à la direction générale.

En 2021, les difficultés éclatent lorsqu’un projet d’acquisition mal ficelé est abandonné. Autre mauvaise nouvelle, le rapport financier annuel de l’entreprise est invalidé par les commissaires aux comptes. “Il est assez probable que les pratiques comptables de Thierry Breton aient été assez toniques“, juge l’analyste financier Frédéric Genevrier, cofondateur
du cabinet OFG Recherche, interrogé par l’AFP. Depuis, “la crise de gouvernance est patente“, estime-t-il.

Lourdes pertes annoncées par le groupe

Les lourdes pertes annoncées par le groupe – 4 milliards en deux ans – ont provoqué l’effondrement de plus de 80 % de la valeur du titre Atos qui s’échangeait lundi autour de 12,6 euros et malgré deux remaniements de la direction générale et des cessions d’actifs, la confiance des investisseurs n’a pas été retrouvée.

Ce conseil d’administration refuse de voir l’évidence. Le bilan est dramatique. Et il y a des choses qu’on ne peut pas attribuer à Thierry Breton”, assène auprès de l’AFP Cyril Charlot, l’associé-fondateur du fonds français Sycomore Asset Management qui mène la fronde. Sauf grosse surprise, l’actuelle direction devrait toutefois être confortée mercredi, car elle a remporté l’adhésion des “proxy”, les sociétés de conseil en vote particulièrement influentes compte tenu du capital très éclaté d’Atos. “Le vote des proxy donne l’avantage au CA“, convient Cyril Charlot, mais “on verra si” la résolution sur “le départ de Bertrand Meunier suscite un vote important“, auquel cas cela pourrait entraîner un “dialogue un peu plus sérieux” avec la direction, espère-t-il.

Il n’y a pas de solution de rechange crédible aujourd’hui“, remarque M. Genevrier, et “les investisseurs institutionnels français ont plutôt choisis de vendre le titre“. De plus, en raison de l’importance stratégique d’Atos pour l’État, nul activiste étranger n’a tenté d’acquérir sur les marchés le contrôle de la société.