61 760 postes de cadres informatiques sont à pourvoir en 2023, selon l’Apec, parmi les 308 800 embauches prévues en France. Et 67 380 d’entre elles concernent le secteur informatique et télécom.
Après 308 300 recrutements de cadres en 2022 (+15 % en un an), un niveau record qui dépasse pour la première fois le seuil symbolique des 300 000 recrutements, l’Apec prévoit 308 800 embauches de cadres cette année. L’informatique reste le principal moteur de l’emploi cadre, avec 61 760 embauches de cadres exerçant une fonction informatique prévues, et 67 380 recrutements dans le secteur des activités informatiques et télécommunications (+4 % sur un an).
La transformation numérique, vecteur d’emploi des experts IT
Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec : « En 2023, nous sommes sur un plateau, qui est à un niveau élevé, 10 % supérieur au niveau pré-crise sanitaire de 2019. La confiance des entreprises se maintient, avec des prévisions de croissance meilleures qu’envisagées au premier abord, surtout dans les secteurs à forte valeur ajoutée, qui portent la dynamique. Le premier d’entre eux est l’informatique, avec notamment des embauches d’experts en big data, intelligence artificielle, Vloud et cybersécurité, en lien avec la transformation numérique des entreprises. » Les jeunes diplômés de moins d’un an d’expérience sont particulièrement courtisés par le secteur informatique et télécom, puisqu’ils y constitueraient 23 % des embauches de cadres prévues, contre 15 % tous secteurs confondus.
L’Ile-de-France a concentré près de la moitié des recrutements en 2022. « Le recrutement en Ile-de-France est porté par la transformation numérique, l’ingénierie R&D et le conseil », fait remarquer Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. Les activités informatiques portent le recrutement de cadres en 2023 également en région PACA et en Pays de la Loire.
Les difficultés de recrutement persistent
« Certains économistes estiment qu’on change de modèle économique, avec un contenu en emploi de la croissance plus fort », analyse Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. Il y a eu 80 200 créations nettes de postes de cadres en 2022, un niveau pas atteint depuis 2001. 25 % des entreprises ont renoncé à embaucher au moins un cadre, du fait des tensions sur le marché en 2022. Les difficultés de recrutement restent la problématique n°1 des entreprises en 2023. La variable d’ajustement principale reste le salaire. Notons que la France, à la différence de l’Allemagne, a du mal à assumer une politique migratoire, qui est l’une des solutions face aux difficultés de recrutement. »
Les entreprises sont prêtes à faire des efforts également sur différents avantages. 30 % d’entre elles sont prêtes à accorder plus de jours de télétravail, ce qui est plébiscité par les informaticiens.
Ouvrir le recrutement
Les PME, moins bien équipées que leurs grandes sœurs pour recruter, cherchent souvent plus mal, selon l’association paritaire. Il faut faire évoluer les pratiques de recrutement, qu’elles soient plus ouvertes et inclusives, en ciblant ce que les entreprises négligent, du fait du poids des habitudes et des représentations, ou par ignorance. « D’une part, les compétences des seniors sont écartées du fait de préjugés, poursuit M. Gateau. 20 % des cadres que nous accompagnons aujourd’hui ont plus de 55 ans, contre 10 % en 2019, car nous poursuivons une politique active pour aller vers eux, après avoir mis le paquet sur les jeunes diplômés pendant la crise sanitaire. D’autre part, les jeunes des quartiers prioritaires de la ville (QPV), pourtant aussi bien diplômés que les autres, notamment dans les sciences et l’informatique – donc corrélés avec les besoins actuels des entreprises – ont plus de difficultés dans leur chemin vers l’emploi. Cela s’explique du fait de préjugés sur leur nom, leur prénom, leur couleur de peau, et du fait de codes sociaux moins maîtrisés, d’un réseau parental moins développé. » L’Apec organise des rencontres sans CV avec des partenaires comme Nos Quartiers ont des Talents, pour que ces jeunes viennent à l’Apec. Et l’association a prévu de s’implanter courant 2023 en Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen. 10 nouveaux sites, dans des villes moyennes comme Lorient, vont venir prochainement renforcer les 53 sites existants, sans oublier les services à distance.
Enfin, il ne faut pas négliger l’attractivité de la fourchette de salaires dans l’offre d’emploi (+18% de candidats), qui est présente dans 53 % des annonces, contre 43 % il y a cinq ans. L’Apec propose un simulateur pour les entreprises qui sont dans le flou en termes de rémunération, et qui compare avec les offres sur le même territoire.
En conclusion, l’Apec rappelle que différentes incertitudes entourent cette prévision. La croissance économique 2023 est soumise à des incertitudes de différentes natures (inflation, tensions géopolitiques, instabilité bancaire, conflits sociaux) pouvant influer sur les dynamiques à l’œuvre.