La transformation digitale des organisations se heurte à deux contraintes :
la pénurie de talents et leur héritage informatique. Cela impose d’une part de recruter et fidéliser des compétences extrêmement rares et d’autre part implémenter un système d’information sans altérer son “existant” sous peine d’anéantir sa “flottabilité”.
INTERVIEW John MODESTE,
Directeur Marketing & Solutions
La formation peut venir résoudre cette équation, comme l’explique John Modeste, Directeur Marketing & Solutions de HN Services.
- Quelles sont les missions de HN Services ?
HN Services est une Entreprise de Services Numériques créée il y a un peu plus de quarante ans. Nos équipes accompagnent des grands groupes bancaires et d’assurances et de belles ETI européennes, pour la création de leur système d’information et leur maintien en condition opérationnelle. Nous sommes confrontés à la pénurie de compétences numériques. Malgré d’excellentes formations, la France ne peut en former assez pour répondre aux besoins. Nos métiers subissent une contrainte supplémentaire puisque les origines des SI de nos clients remontent parfois aux années soixante, et fonctionnent sous des langages un peu oubliés comme le Cobol. Avec le temps, les spécialistes en Cobol ou mainframe se raréfient car la plupart sont en retraite ou proches de se retirer.
- Comment cette expérience des très grands comptes peut-elle servir les ETI et les PME ?
Beaucoup d’ETI et de PME sont confrontées à leur existant informatique. A la différence des banques et assurances, il repose sur des progiciels ou ERP comme ceux de Salesforce. Mais le risque est le même : si on y touche, le système peut devenir défaillant. Imaginez que vous voulez retirer l’amiante dans la coque du Foch. En théorie c’est simple et sans danger. Seulement, elle est tellement imbriquée dans sa structure, que si vous en enlevez, vous menacez la flottabilité de ce bâtiment. Et il coule !
Il en va de même dans ces SI “plats de spaghettis” : si vous ôtez un élément d’origine, plus rien ne fonctionne.
Notre expérience montre que l’on peut greffer des applis et des interfaces hommes-machines simples et ergonomiques sans toucher à l’existant. A condition toutefois de disposer des compétences idoines.
- Comment gérez-vous cette modernisation ?
Lorsque vous vous rendez dans votre banque, vous pouvez voir que votre conseiller travaille sur des applis depuis un écran web fonctionnel. Ce que vous ne voyez pas, c’est que beaucoup de ces IHM sont reliées au SI qui, lui, n’a pas été modifié. Ou plutôt, a bénéficié d’ingénieurs et de développeurs qui savent lui parler. Nos équipes comptent beaucoup d’experts Cobol.
HN Services rassemble aussi des femmes et des hommes qui comprennent la logique et les process des CRM/ERP Salesforce, dont les premiers déploiements remontent à plusieurs années.
- Ces spécialistes sont soit en retraite ou presque…
Il y a 30 ans, nous avons créé un centre de formation dédié à Cobol au sein de HN Services. En fait, nous proposons des reconversions à des profils scientifiques, des spécialistes du nucléaire, d’anciens chimistes ou biologistes, aux fonctions de développeur sous Cobol (et aussi Java+). Ces nouveaux architectes SI deviennent nos meilleurs ambassadeurs puisqu’ils effectuent ensuite de très belles carrières chez nous ou dans d’autres entreprises, y compris comme DSI. Nous venons ainsi de former le 8000ème.
- Vous proposez des formations Cobol aux ETI ?
Il nous arrive de réaliser des “universités” de formation pour des collaborateurs que nos clients recruteront en fin de parcours.
Mais plus généralement, nos formations sont dédiées à nos collaborateurs qui travailleront ensuite sur des projets clients.
La formation continue entre alors en jeu. Si certains langages évoluent peu (ce qui est le cas de Cobol), d’autres nécessitent des refresh beaucoup plus fréquents. Par exemple, sur la technologie Salesforce, nous leur dédions 1 à 2 journées par mois de formation continue.