Entre Cloud, réseau(x), intelligence artificielle, il a bien fallu faire des choix entre ce que prédisent les études et les experts. Voici quelques tendances qui devraient marquer l’année en cours et au-delà…
1 Network as a Service : à louer
« La prochaine étape logique dans la technologie de réseau est le Network as a Service (NaaS), à savoir un réseau sous forme de service loué. Lorsqu’une entreprise achète du nouveau matériel, comme un commutateur, elle n’achète plus la pièce avec un contrat de support, mais elle s’abonne à un service qui comprend le périphérique et certaines fonctionnalités. Le commutateur est proposé à un prix nettement inférieur, mais le coût des fonctionnalités est réparti sur plusieurs mois », explique Sascha Giese, Head Geek chez SolarWinds. L’expert met en avant les avantages économiques : les nouveaux achats peuvent être répartis en montants réduits et ajoutés aux frais d’exploitation. Le modèle NaaS doit également permettre aux entreprises de réaliser des économies en limitant les interventions de leurs techniciens de réseau. Le contrat de maintenance inclut également l’expertise de fabricants, tels que Cisco, Aruba ou HPE pour la maintenance des réseaux.
2 Software-Defined Networking, l’agilité
Pour Colt, l’avenir du travail va continuer d’influencer l’adoption des technologies, car les organisations formalisent des politiques de travail hybride et investissent dans les technologies dont elles ont besoin pour atteindre leurs objectifs. Cela devrait entraîner une croissance des plateformes technologiques de mise en réseau agiles et à la demande, notamment le Software-Defined Networking et le Secure Access Service Edge (SASE). Dans son enquête sur les services gérés SD-WAN/SASE, le cabinet d’analyse Futuriom prévoit un taux de croissance annuel de 34 % en 2023, avec un marché de 4,6 milliards de dollars, contre 3,5 milliards en 2022.
3 Cloud distribué, nouvelles capacités
Thomas Brackhahn, Distinguished Engineer et Country Chief Technology Officer chez Kyndryl France, explique que les entreprises prennent de plus en plus la voie du Cloud distribué en adoptant un modèle fédéré entre le Cloud et l’Edge. « Dans un environnement de Cloud distribué, les charges de travail sont alignées sur des emplacements de ressources spécifiques afin de répondre aux besoins de conformité et aux exigences de performance ou de prendre en charge l’Edge, tout en étant gérées de manière centralisée depuis un fournisseur de Cloud public. »
Selon une étude de Market Digits, le marché du Cloud distribué devrait atteindre 5 milliards de dollars d’ici à 2026, contre 1,3 milliard de dollars en 2020.
4 Métacloud : résoudre le chaos du Cloud
Le concept de mettre une couche de compatibilité au-dessus de plusieurs Clouds gagne du terrain. Elle donne accès à des services communs tels que le stockage et le calcul, l’IA, les données, la sécurité, les opérations, la gouvernance ainsi que le développement et le déploiement d’applications. « Cette couche de compatibilité se situe logiquement au-dessus des différentes plateformes cloud d’une entreprise et exploite leurs normes techniques natives via des API, de sorte que les applications bénéficient toujours de la sécurité renforcée du fournisseur de Cloud, mais de manière cohérente avec un contrôle centralisé », explique Deloitte.
Pour Gartner, le métavers, qui est un espace collectif virtuel en 3D partagé, est prometteur, à défaut de ne jamais, peut-être, devenir un courant dominant. Selon lui, il sera indépendant des appareils, ne sera pas détenu par un seul fournisseur et aura une économie virtuelle propre. D’ici à 2027, il chiffre que plus de 40 % des grandes organisations utiliseront une combinaison de projets basés sur le Web3, l’informatique spatiale (technologies de réalités virtuelle et augmentée) et les jumeaux numériques pour augmenter leurs revenus.
L’analyse de rentabilité du métavers devrait se préciser, notamment dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière, l’agriculture et les soins de santé, relève Keri Gilder, CEO de Colt Technology Services. « En 2023, les entreprises devraient étendre leur planification des cas d’utilisation du métavers, en tant qu’environnement d’essai virtuel, pour tester de nouvelles opportunités de créativité. »
6 Data : BI, big data et IA à fort potentiel de croissance
Le marché des services autour de la BI montre « une dynamique intéressante », estime Kristina Mikhnevich, experte du cabinet PAC. « En 2023, ce marché dont la taille est d’environ 10 % du marché des services numériques en France doit croître de 6,4 %. Sa croissance est majoritairement tirée par les services liés à l’analytique avancée et à la gestion des données. »
L’experte souligne que les services autour du big data continuent à montrer une forte croissance – 18,1% en 22/23 – « plus de quatre fois supérieure à la croissance des services IT en France pour la même période ». Les entreprises investissent à la fois dans la modernisation de leurs infrastructures pour démocratiser l’exploitation des données, tout en réduisant les coûts techniques, et dans des solutions et outils permettant d’exploiter du big data pour différents cas d’usages (analyse de texte, automatisation, etc.).
Améliorer les performances, réduire les coûts et développer de nouveaux produits et services : l’intelligence artificielle est un domaine en plein essor en France. « L’intelligence augmentée, les systèmes prédictifs associés à des objets connectés, les voitures autonomes, la personnalisation ainsi que l’amélioration de l’expérience utilisateur ne sont que quelques cas d’usages expérimentés par des entreprises françaises », explique la spécialiste. Un marché en croissance de 27,2 % en 22/23. Pensez à ChatGPT que Microsoft va proposer dans Teams pour générer automatiquement des notes de réunions ou encore des recommandations de tâches, et au lancement expérimental de Bard, l’assistant virtuel de conversation basé sur l’IA de Google.
7 Informatique quantique : apprenez à répéter “Qubit”
En janvier, Docaposte annonçait anticiper le virage post-quantique et lançait la mise en œuvre, au sein de son Système d’Archivage Electronique (SAE) Arkhineo, d’un mécanisme de scellement d’archives et d’attestations de conservation, basé sur un modèle hybride conçu pour résister aux attaques venant d’ordinateurs quantiques et sur les dernières avancées en la matière réalisées par le NIST (National Institute of Standards and Technology). Il faut s’y préparer maintenant : les attaquants vont commencer à voler des données chiffrées pour les conserver et les déchiffrer dans un monde post-quantique. Un rapport d’IBM explique : « Au cours des prochaines années, les protocoles de chiffrement de données très répandus, tels que les normes de cryptographie à clé publique comme RSA et ECC, pourraient devenir vulnérables. En fait, toute communication chiffrée avec des ordinateurs classiques qui pourrait être mise sur écoute est à risque, potentiellement déjà exposée à l’exfiltration, avec l’intention de récolter ces données une fois que les solutions de déchiffrement quantique seront viables. »
En janvier aussi, alors que l’Europe planche sur son projet de constellation de satellites de communications sécurisés, grâce à la technologie quantique, l’Agence spatiale européenne (ESA) chargeait un consortium d’entreprises européennes, Thales Alenia Space à sa tête, de développer des technologies de communications quantiques entre l’espace et la Terre afin de protéger les réseaux contre les cyberattaques,
Ce même mois, la startup française Pasqal réussissait à lever 100 millions d’euros pour construire son ordinateur quantique à atomes neutres et aider la France à figurer parmi les leaders de cette technologie d’avenir… alors qu’elle n’a pas caché ses ambitions dans le domaine en lançant son Plan Quantique en 2021.