Président de Magellan Partners, Didier Zeitoun nous explique comment il compte faire passer l’entreprise de conseils et services de 245 M€ de CA en 2023 à 375 M€ en 2025. Cette progression fulgurante repose notamment sur une stratégie d’acquisitions et de verticalisation.
Didier Zeitoun est un vétéran du conseil et des services IT : il a dirigé Atos pendant 8 ans, avant de co-fonder Magellan Partners en 2008. Le projet, dès le début, raconte-t-il, était de reposer sur 2 piliers : le conseil en organisation et en système d’information, d’une part, les services IT d’autre part, mais avec des expertises apportant des valeurs ajoutées par rapport aux ESN généralistes.
14 ans après, l’entreprise est présente dans 14 villes en régions, elle réalise 245 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’activité de conseil en organisation emploie 400 consultants, et les services IT 1 600, soit 2 000 au total. Elle appartient à 96 % à ses fondateurs, un fond d’investissement français, Capza ayant pris en janvier 2021 les 4 % restants. L’objectif de cette opération était d’accélérer le développement organique de Magellan Partners, en menant une politique d’acquisition ciblée et ambitieuse, bénéficiant de fonds investissement de 100 millions € sur 5 ans.
« Notre seul frein à la croissance organique, c’est notre capacité à recruter. »
« Nous avons fait 15 % de croissance organique en 2021, 19 % en 2022. Nous prévoyons entre 15% et 18 % de croissance en 2023 par rapport à 2022. Et clairement, comme nombre de sociétés de conseil ou de services IT, notre seul frein à la croissance organique, c’est notre capacité à recruter », constate Didier Zeitoun.
« C’est une activité extrêmement soutenue, explique-t-il. Les perspectives 2023 sont très bonnes. Cette très forte croissance organique s’explique : il y a de plus en plus d’informatique dans des secteurs d’activité où il y a dix ans, il n’y en avait pas et donc les besoins s’élargissent. Dans la construction automobile, il y avait peu d’informatique il y a dix ans. Aujourd’hui, une voiture, ce n’est que de l’informatique. L’IoT se développe considérablement. Il y a cinq ans, on faisait des POC, des expérimentations dans le secteur industriel et énergie. Aujourd’hui, on passe carrément à des projets industrialisés à l’échelle tout de suite et avec des R.O.I. assez impressionnants. »
Des acquisitions pour devenir leader sur des technologies verticales
Sur les services IT, Magellan Partners a une stratégie de verticalisation, pour répondre aux besoins des clients, et l’ambition de se positionner en leader sur les technologies les plus demandées : Microsoft, Salesforce, ServiceNow, SAP Hana, le Cloud AWS et Google et enfin la cybersécurité.
L’entreprise peut revendiquer la première place des pure-players indépendants français sur Microsoft, avec 600 consultants, après l’acquisition de deux spécialistes du conseil et de l’intégration Microsoft : Exakis en 2012 et Nelite en 2019.
Magellan Parners figure également au 1er rang des pure-players indépendants sur Salesforce en France, avec 200 consultants, après la création en 2015 de Comforth, une structure dédiée, qui rachète Karoo en 2019 pour devenir Comforth Karoo.
Depuis 2021, grâce aux fonds d’investissement de Capza, les acquisitions ont accéléré, avec pas moins de 5 opérations :
– 2021, avec l’ambition de devenir le premier pure player ServiceNow en France : acquisition de Keralia Consulting, renommée Yunit.
-la même année, acquisition d’axYus, acteur de référence de la transformation digitale et concepteur d’applications sur mesure pour les acteurs publics français.
-2022 : rachat de Daveo, spécialiste du Cloud public sur AWS et Google Cloud. Daveo a développé une offre cloud intégrée incluant le design, la conception, le développement et l’implémentation d’applications et de solutions dans les Clouds AWS et Google Cloud.
Le gros potentiel des migrations sous S/4 Hana de SAP
En 2022, l’entreprise a acquis 2 spécialistes du conseil, de l’intégration, de l’hébergement et des services managés sur SAP et SAP S/4 HANA : MMH et MBVSI.
Didier Zeitoun voit en effet dans les projets de migration vers S /4 Hana un fort levier de croissance : « C’est une rupture, une révolution, La nouvelle version qui va tourner sur le Cloud, – Azure, AWS, etc – demande à tout redévelopper. Et il y a des projets de migration absolument gigantesques dans le monde entier. Un gros utilisateur de SAP, qui est dans le CAC 40, a par exemple chiffré le budget de son projet de migration vers S /4 Hana à 500 millions d’euros ! »
Objectif : 375 M€ en 2025
Les ambitions de croissance restent fortes, avec un objectif de 375 millions d’euros en 2025. Cette accélération passe notamment par la croissance externe.
« Dans le conseil, nous n’adressons pas tous les secteurs d’activité. Nous sommes forts dans la banque, l’assurance, l’énergie, utilities mais, par exemple, nous sommes absents de la grande distribution ou du luxe. » Des spécialistes de ces secteurs seraient donc des cibles. Dans la partie technologique, l’entreprise conserve sa logique verticale et pourrait regarder du côté d’acteurs spécialistes des solutions Qlic en B.I. ou de spécialiste IoT.
Développement à l’international dans 2 ans
« La croissance européenne fait partie de notre plan stratégique. C’est pour dans 2 ans : je voudrais qu’on soit d’abord encore un peu plus grands et plus forts en France », annonce le dirigeant.
750 recrutements prévus en 2023, dont 40% en cooptation. Et avec un vaste programme d’inclusion.
« Nous avons une particularité dont nous sommes très fiers depuis toujours, c’est la proportion de 40 % environ de nos recrutements effectués par cooptation de nos propres consultants » se félicite Didier Zeitoun.
La cooptation représente la première source de recrutement. Les cabinets de recrutement en apportent 20 % à 25 %. « Ensuite, nous avons une politique d’ « inclusion » au sens large » , explique le dirigeant, « Il s’agit de 70 à 80 alternants qui sont ensuite recrutés à 80 % en général chaque année. Mais surtout, depuis quatre ans, nous avons lancé un programme de reconversion professionnelle : l’école d’informatique sur les technologies Microsoft, Simplon, avec des demandeurs d’emploi entre 19 et 39 ans, sans diplôme. L’école nous « source » les candidats. Ils font faire seulement un test mathématique, parce que quand on fait des développements il y a de l’algorithmie. Microsoft donne les cours. Et nous les prenons en alternance avant de les recruter. »
Magellan Partners a développé le même type de relation avec d’autres écoles qui forment des personnes en reconversion : « On a vu par exemple des biologistes qui veulent aller vers l’informatique… Chaque année, c’est environ 40 personnes qu’on reconvertit, qu’on intègre, qu’on forme et qui deviennent des consultants ! »
