Alors que sa mission est censée prendre fin d’ici la fin de l’année, Guillaume Poupard, actuel directeur de l’ANSSI, fidèle au poste, est venu présenter à l’European Cyber Week de Rennes les résultats d’une étude menée auprès d’étudiants. Objectif, quantifier les causes de la pénurie de talents dans le secteur cyber pour identifier les actions à mener.
“Une de nos priorités en ce moment est liée aux problématiques RH. D’une part pour les besoins de l’ANSSI, car nous ouvrirons un site à Rennes au printemps prochain, mais aussi pour les besoins des organisations en général », a introduit Guillaume Poupard, directeur de l’Agence nationale des systèmes d’information. “On parle souvent de ressources humaines de manière négative ou défaitiste dans la cyber, mais il y a un vrai sujet, c’est sûr », ajoute-t-il. Pour lui, malgré beaucoup de bonne volonté, ce qui freine en France les initiatives et les moyens mis en œuvre, c’est le manque de compétences. “Une fois fait ce constat sur ce décalage entre l’offre et demande, nous nous sommes fixés le rôle de quantifier les choses. Nous avons donc lancé l’an dernier l’observatoire des métiers de la cyber. Grâce à cela, nous avons pu identifier les métiers et certains biais mais, surtout, faire ressortir les priorités et donner la possibilité d’imaginer les actions à mener pour être efficace », rappelle le directeur.
Connaître la perception des étudiants du secteur cyber
Cette année, l’ANSSI a porté son attention du côté des étudiants pour connaître leur perception du secteur cyber et prendre ainsi la mesure de leur niveau de connaissance des métiers qui le compose. Les formations sont-elles suffisantes et adaptées ? Quels sont les profils ? Quel est l’état du marché de l’emploi et quelle est l’attractivité du domaine ? Autant de question auxquelles on répondu, au total, 3 627 étudiants issus d’écoles d’ingénieurs, d’universités ou de formations professionnelles, tous cursus confondus. L’enquête a été réalisée en partenariat avec la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et a mobilisé la direction prospective de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa).
Les chiffres clés de l’étude
92 % des étudiants de la filière cyber souhaitent travailler dans le secteur
37 % des étudiants dans les autres cursus estiment bien connaître le secteur de la cyber notamment grâce aux médias, à la télévision ou aux actualités.
36 % des étudiants souhaitent travailler en cyber dans une entreprise dont ce n’est pas la spécialité.
33 % des étudiants souhaitent travailler dans une entreprise cyber
14 % de femmes en cyber vs 18 % en filière classique
Les métiers les plus cités
- Pentester (pourtant peu courant)
- RSSI
- Consultant cyber
- Ingénieur cyber (qui est le titre d’un diplôme et non d’un métier)
Il y a clairement un travail à faire pour valoriser les métiers de la cybersécurité dans les filières de formation. “Il faut vraiment réussir à faire en sorte que soit intégré le fait que la cyber n’est pas réservée aux hommes et aux profils très techniques, précise Aurélie Bauer. Pour ça, nous avons notamment conçu une matrice de compétences humaines et techniques pour que les gens puissent se reconvertir. Nous travaillons également à une approche par les soft skills ».
our Guillaume Poupard, ces résultats vont permettre de sortir de la discussion de comptoir et d’aller vers de vraies solutions. “On est tous jaloux du bureau des légendes ! admet Guillaume Poupard. Il faut travailler également sur l’imaginaire et être séduisant, donner du sens ».
Stéphane Bellec
