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Recruter les talents : “Il faut admettre que, pour l’instant, nous n’arrivons pas à traiter cette problématique », le Cigref

Lors de son assemblée générale le 12 octobre, le Cigref, l’association française regroupant les DSI des grands comptes, a présenté son action contre la pénurie des talents, qui constituent l’un de ses trois défis majeurs pour les dix prochaines années avec la sécurité et la sobriété.

« Modestement, il faut admettre que, pour l’instant, nous n’arrivons pas à traiter cette problématique, a reconnu Jean-Christophe Lalanne, vice-président du Cigref, et il faut essayer de comprendre pourquoi. La première chose que le Cigref tente de faire est de clarifier les besoins. La nomenclature des métiers de l’IT et du numérique est là pour ajuster en permanence les attentes des entreprises et faire apparaître les métiers prioritaires, « core », tels que le Cloud, la data, la cyber, FinOps, DevOps et demain, peut-être, le low-code et le no-code ». Dans un groupe de travail dédié, le Cigref a par ailleurs travaillé cette année sur les leviers mobilisables dans les entreprises pour attirer et conserver les talents et il a ainsi défini les sept « R » : « Revealing », « Reskilling », « Retain », « Reward », « Relocate », « Reposition » et « Restaff ».

« Les métiers du numérique sont passionnants, il sont transverses, ils bougent, ils produisent de la valeur, la communauté est sympathique, donc où est le problème ? », s’est interrogé Jean-Christophe Lalanne. Son analyse : « En France et en Europe de l’Ouest, les formations scientifiques ont petit à petit perdu de leur gloire, de leur renommée et sont considérées comme trop élitistes et trop compliquées ». Un travail de revalorisation de ces filières est donc à mener.

Les pistes du collectif Convergences numériques 2022

Le Cigref fait par ailleurs partie du collectif Convergences numériques 2022, créé en juin 2021 par douze organisations et associations professionnelles de l’écosystème du numérique*. Elles ont porté un ensemble de propositions à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et de leurs équipes de campagne autour de six thèmes prioritaires : inclusion numérique, éducation et formation, transition écologique, transformation de l’économie, sécurité et autonomie stratégique.

Sarah-Diane Eck, membre du collectif, a présenté à l’AG du Cigref un état des lieux de leur réflexion sur la pénurie des talents. « Face à cette pénurie criante, il est aujourd’hui nécessaire et urgent de mettre en place des mesures avec des objectifs clairs, chiffrés et ambitieux et de déterminer les leviers d’action permettant d’atteindre ces objectifs, a-t-elle affirmé. Concernant l’enseignement du code et des métiers du numérique, l’apprentissage doit être repensé dès le primaire et jusqu’au supérieur et ce, pour toutes les filières. Ensuite, la formation des enseignants sur les outils et les métiers du numérique est une nécessité et on doit l’inclure dans leur programme de formation, du primaire au supérieur. Face au peu de femmes dans le numérique, il faut par ailleurs sensibiliser les prescripteurs, parents et professeurs à la mixité dans ces métiers technologiques ».

Sarah-Diane Eck, quatrième en partant de la gauche. © Mélanie ROBIN/Cigref

 

Si le collectif est aujourd’hui heureux de constater que l’alternance est de plus en plus vue positivement dans les métiers du numérique, il estime cependant que son attractivité doit encore être renforcée et qu’elle doit s’ouvrir à de nouvelles filières. La rétention des talents formés à la blockchain, à l’intelligence artificielle ou encore à la cybersécurité, qui quittent le continent, constitue également, selon Convergences numériques, une vraie problématique.

Le challenge des femmes dans le numérique

Aujourd’hui, le collectif travaille sur toute une série de mesures afin de pallier la pénurie.
« Nous suggérons d’établir dans le cadre du plan France 2030 un projet de loi de programmation pluriannuelle d’orientation des compétences, afin d’organiser la capacité du monde académique dans toutes ses dimensions. Avec l’objectif de délivrer les compétences nécessaires », a  déclaré Sarah-Diane Eck.

Dans son discours de clôture, le président du Cigref, Jean-Claude Laroche, est revenu sur le sujet de la formation des générations futures. « La situation de la place des sciences dans l’enseignement secondaire est très grave, a-t-il souligné. Depuis 2019 et la réforme du baccalauréat, nous constatons collectivement, avec Numeum et Talents du numérique, un recul sans précédent de la part des filles dans tous les enseignements scientifiques. Ce recul de près de 30 % a effacé en deux ans les progrès acquis pendant plusieurs décennies sur la place des filles dans les parcours scientifiques, notamment en mathématiques ».

Jean-Claude Laroche. © Mélanie ROBIN/Cigref

« La situation de la place des sciences dans l’enseignement secondaire est très grave », Jean-ClaUDE Laroche

 

 

Un repli plus brutal encore quand on associe à la formation un enseignement de mathématiques de 6 heures ou plus par semaine, puisque selon Jean-Claude Laroche, l’effectif des garçons diminue de 37 % et celui des filles de 61 %. Il a rappelé la création en 2018 par un collectif, dont fait partie le Cigref, de la Fondation Femmes@Numérique, et a invité les membres du Cigref à rejoindre cette démarche. « Le numérique ne sera durable, responsable et de confiance que si demain les femmes sont pleinement associées à le bâtir », a-t-il conclu.

 

* Acsel, Afnum, Cigref, Cinov numérique, Fevad, France Datacenter, France Digitale, Numeum, SELL, SNJV, Systematic, Talents du numérique

 

Patricia Dreidemy